Le ministre de l’Economie et des Finances a tracé le cadre du développement de l’économie numérique, au terme de la présentation du 12ème Rapport de la Banque mondiale sur l’économie de la Côte d’Ivoire.
À la tribune de la présentation du 12ème Rapport de la Banque mondiale sur l’économie de la Côte d’Ivoire, le 1er juin, le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances a lancé un appel « à la responsabilité digitale des entreprises pour œuvrer à l’accroissement et à la facilitation de l’accès des populations aux services de télécommunication, mais également veiller à une utilisation éthique des technologies de l’information et de la communication ».
Objectif de financement : 1% du PIB
Adama Coulibaly a, dans cette perspective, invité les partenaires au développement de la Côte d’Ivoire, à soutenir les efforts du gouvernement. Pour lui, « les ressources nécessaires pour faire un bond prodigieux en matière d’économie numérique sont importantes ». « L’Etat sur ses propres ressources fait des efforts, mais avec l’accompagnement des partenaires, on pourrait aller plus vite », précise-t-il.
Au dire du ministre, la plupart des pays en développement ont augmenté leurs dépenses de développement numérique, mais celles-ci sont encore relativement faibles. Même lorsque l’Union africaine fixe un objectif de 1% du PIB à consacrer à ce secteur, les pays d’Afrique subsaharienne n’y engagent que 0,38%. Très peu. Trop peu.
S’inspirer de l’expérience numérique de l’Inde
Mais, Adama Coulibaly espère relever le défi, atteindre la barre de 1%, non seulement en réduisant les contraintes financières qui entravent le développement des infrastructures numériques, mais aussi et surtout en remédiant aux défaillances du marché de financement des jeunes entreprises innovantes par la promotion de mécanismes de financement innovants, notamment les financements participatifs et les fonds d’innovation et de technologie.
« L’expérience de l’Inde, à cet effet, où les coûts pratiqués par certaines entreprises sont les plus bas au monde », devrait inspirer la Côte d’Ivoire. Dans ce pays à économie avancée et au marché émergent, la vulgarisation des technologies de l’information et de la communication a contribué à accroitre la productivité. « Elle a entrainé un changement de modèle économique, impacté les chaines de valeur et accélérer le transfert de valeur ajoutée dans le secteur industriel », relève le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances.
2000 milliards de ressources digitales en 2030
À l’échelle mondiale, les spécialistes estiment que la transformation digitale accélèrera la croissance, au cours de la prochaine décennie et même au-delà. Cette transformation inclut les innovations de connectivité 5G, l’intelligence artificielle, les crypto-monnaies, les blockchaines, etc.
« A titre illustratif, il ressort d’une étude récente de Mackinsey qu’un accès plus rapide à la 5G dans le secteur des transports, de la santé, de l’industrie et du commerce de détail permettrait d’accroitre le PIB mondial de 1200 à 2000 milliards de dollars d’ici à 2030. Voyez le potentiel qu’il y a en termes de ressources », s’émerveille Adama Coulibaly.
« Toutefois, tirer avantages du potentiel du digital nécessite que les pays soient suffisamment préparés, notamment en matière de gestion de la sécurité numérique, la vulgarisation des outils numériques, et d’accès aux financements », nuance-t-il.
L’Afrique, le continent le moins préparé à la transformation digitale
Et c’est là où le bât blesse. Selon la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, les pays les moins préparés à la transformation digitale sont en Afrique subsaharienne, et plus précisément dans les pays en développement. Le gouvernement ivoirien en est conscient. Il a inscrit le numérique comme une priorité de sa stratégie de développement. « L’enjeu, rappelle le titulaire du département de l’Économie et des Finances, est de pérenniser les acquis et de promouvoir une transformation numérique efficace et inclusive ».
Dans cette quête, le secteur privé a un rôle crucial à jouer en termes de développement des infrastructures numériques. Tout comme dans la sécurité numérique où des dispositifs devraient être mis en place « pour ne pas exposer le pays », fait observer Adama Coulibaly. La déclaration d’intention a été entendue. Mais il en faut plus ! Le passage aux actes…
K. Bruno