Un panel sur « Rôle et rapport de la Fintech pour la Côte d’Ivoire augmentée » s’est tenu ce mercredi 30 novembre 2022, à l’African Digital Week (ADW), au BBR, sur l’île Bouley. La question au cœur des échanges fut la difficulté pour les Fintech ivoiriennes à lever des fonds de Série A sur le marché international.
Manque de culture entrepreneuriale, barrière linguistique
Pour Idriss Martial Monthe, co-fondateur de la fintech ivoirienne CINETPAY, la première raison, c’est le manque de culture entrepreneuriale. Pis, les start-up rechignent à ouvrir leur capital à des investisseurs extérieurs. On peut y ajouter le déficit de la culture du risque, selon Régis Bamba, co-fondateur de la fintech Djamo Côte d’Ivoire. « Un Ivoirien, dès qu’il a un peu d’argent, il investit dans l’acquisition d’un bien immobilier, plutôt que dans une start-up ou dans la création d’une entreprise parce que le retour sur investissement est incertain », constate-t-il.
La deuxième raison serait la barrière linguistique. La plupart des investisseurs (80-90%), ont relevé les panélistes, sont anglophones. « Il est souvent difficile pour les start-ups ivoiriennes de discuter avec eux. Surtout que ces investisseurs, en général des Américains, des Anglais, des Sud-africains, des Kenyans, ont une méconnaissance totale de l’environnement et des opportunités d’investissements en Afrique francophone », analyse Idriss Martial Monthe.
Taille du marché et Loi start-up Act
La troisième raison soulevée, c’est la taille des marchés ou la dimension des débouchés. A titre comparatif, le Nigeria compte 100 millions de personnes, les Etats-Unis, 300 millions, quand la Côte d’Ivoire en compte 23 millions. « Du coup, pour les start-ups des pays francophones, il est important de ne pas avoir une approche pays, mais régionale voire continentale. Raison pourquoi il faut viser l’UEMOA et ses 8 pays », préconise Régis Bamba de Djamo.
Enfin, dernière raison : l’absence de réglementation. Une défaillance qui ne rassure pas les investisseurs. Autrement dit, le retard qu’accuse le vote de la Loi Start-up Act est un facteur bloquant à la levée de fonds des start-ups sur le marché international. « Avec l’instabilité qui caractérise nos pays et les coups d’Etat à répétition, vous comprenez qu’il faut un socle juridique stable pour motiver un investisseur », fait observer le patron de CINETPAY.
Lever des fonds n’est pas une garantie de succès
Toutefois, gage-t-il, « on peut réussir sans lever des fonds ». «Lever des fonds n’est pas une garantie de succès. En revanche, cela augmente la probabilité de succès », nuance-t-il. Fabrice Zagbayou, le modérateur du panel, consultant pour une entreprise, pour sa part, se bat pour aider les start-ups ivoiriennes à lever des fonds de Série A, à mettre en place leur programme et stratégie de développement, de l’écriture du projet pour le rendre viable jusqu’à la Série A. « Dans cette démarche, il faut une certaine organisation, une certaine maturité, ne pas avoir plusieurs comptabilités, par exemple. Ce sont ces éléments qui intéressent les investisseurs », relève-t-il.
K. Bruno