Une série d’accidents de la circulation survenue le lundi 1er août 2022 a mobilisé le gouvernement autour d’un Conseil national de sécurité. En autres décisions, l’extension de la technologie de la vidéo-verbalisation, jusque-là en vigueur à Abidjan, aux autoroutes et routes nationales.
La vidéo-verbalisation en Côte d’Ivoire
La technologie de la vidéo-verbalisation est en déploiement à Abidjan depuis mai 2021. La phase expérimentale est terminée. Le gouvernement ivoirien attendait sûrement qu’elle soit bien implantée dans la capitale économique avant d’envisager son extension aux villes de l’intérieur du pays et aux routes et autoroutes nationales.
Sauf que, entretemps, un événement malheureux s’est produit le lundi 1er août 2022. Plusieurs accidents de la circulation sur différentes axes routiers nationaux ont provoqué la mort de 37 personnes, dont des enfants. La Côte d’Ivoire consternée interpelle les autorités. Le gouvernement réagit.
Mettre le digital au service de la sécurité routière
Au-delà des mesures répressives classiques, telles que la poursuite devant les juridictions compétentes des auteurs de ces crimes, le président de la République prend une décision majeure pour mettre le digital au service de la sécurité routière. Le jeudi 4 août, au cours d’un Conseil national de sécurité, en présence d’Alassane Ouattara, au Palais présidentiel, au Plateau, le communiqué tombe.
« Afin de réduire considérablement les accidents de la circulation, le président de la République a demandé au Premier ministre, chef du gouvernement, et au ministre des Transports d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie nationale de sécurité routière 2021-2025, notamment les volets sensibilisation et répression ».
Il y a mieux. « Dans ce cadre, le Conseil national de sécurité a marqué son accord pour l’extension de la vidéo-verbalisation tout le long des autoroutes, la réforme du permis de conduire et l’activation du Tribunal de simple police dans le Grand Abidjan », précise le texte. La vidéo-verbalisation apparait donc comme un nouveau mot dans le langage routier ivoirien. De quoi s’agit-il ? Comment fonctionne-t-elle ?
Contre les chauffards, la technologie de vidéo-verbalisation
D’abord, la procédure de vidéo-verbalisation des infractions routières existe depuis 2008 dans les pays développés. En Côte d’Ivoire, son adoption date de mai 2021. C’est un système basé sur le digital qui permet à un agent assermenté ou un policier de la circulation de constater sur un écran de contrôle une infraction au code de la route filmée par une caméra de vidéo-protection implantée sur la voie publique.
Le ministère ivoirien des Transports a opté pour cette technologie afin de lutter contre la délinquance routière, ces chauffeurs qui ne respectent pas le code de la route et qui mettent la vie des usagers, passagers et la leur en danger. Pour ce faire, Amadou Koné a concédé le déploiement de ce système de transport intelligent basé sur la vidéo-verbalisation à l’entreprise Quipux Afrique SA.
Selon le directeur général de cette structure, Ibrahima Koné, de mai 2021 à ce jour, la phase-test a permis de déployer des équipements radars sur 9 axes du Grand Abidjan ; de mettre en place un centre de gestion intégré de la mobilité assurant les activités en back-office et de traitement des informations ; ainsi que la formation et le transfert de compétences et des équipements aux équipes techniques locales.
« L’objectif est de s’assurer de l’opérationnalisation du système à travers le déploiement d’une infrastructure logicielle et physique installée sur la voie publique, constituée de caméras radars de gestion des infractions, équipées de lecture automatique des plaques d’immatriculation, de panneaux d’affichage de vitesse, d’équipement de comptage, de classification de véhicules et de relevé de vitesse », précise le DG de Quipux Afrique SA le prestataire de service pour le compte de l’Etat de Côte d’Ivoire.
Les accidents du lundi 1er août 2022 sonnent le déclic

La décision du gouvernement ivoirien d’étendre la vidéo-verbalisation aux autoroutes nationales est la conséquence d’une série d’accidents survenus le même jour : lundi 1er août 2022. Dans un communiqué, le ministre ivoirien des Transports en dresse les bilans : sur l’axe Konoufla-Yamoussoukro, 12 décès ; sur l’axe Abidjan-Alépé 21 décès. Sans compter plusieurs blessés graves, dont des enfants.
Passé l’expression des sincères condoléances du gouvernement aux parents des victimes décédées, les formulations des vœux de prompt rétablissement aux blessés qui sont pris en charge par les services de secours et de santé, place à la stratégie pour prévenir ce qui s’apparente à des crimes prémédités.
Sans doute la vidéo-verbalisation appellera les conducteurs à plus de prudence sur les routes pour éviter ce genre de drames, à l’avenir, ou du moins minimiser leur impact. « Si tu veux tirer les oreilles à un Ivoirien, il faut toucher à son portemonnaie », dit un politicien de quartier.
La vidéo-verbalisation n’est pas verbale. Une infraction équivaut à une amende. À la visite technique, toutes les infractions s’affichent sur les écrans, accompagnées du prix à payer. Pas paiement, pas d’admission à la visite technique. On verra forcément ce qu’on va voir. Ya pas trahison dans le digital !
K. Bruno