Commissaire Zegbehi est chargé de la formation et de la sensibilisation à la Direction de l’informatique et des traces technologiques. Pour lui, seule la mise à disposition des données peut permettre à la Direction de l’informatique et des traces technologiques (DITT) de lutter efficacement contre la cybercriminalité. Interview !
Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés ?
Le principal défi, ce sont les données. La lutte conduit à des actions de poursuite. Mais l’officier de police judiciaire qui agit ne peut s’appuyer que sur des données. C’est le partage des données qui est un combat permanent pour notre administration. Il y a beaucoup de données en Côte d’Ivoire. Je pense qu’elles doivent être mutualisées pour qu’on puisse s’appuyer sur elles afin de faire avancer les enquêtes dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité.
Comment faire pour mutualiser ces données ?
Dans ce genre de rencontre, l’Africa Web Festival, où nous rencontrons les autorités étatiques pour les sensibiliser. Je viens d’une rencontre avec l’AMUGA, une structure de l’Etat. Les demandes sont faites par nos autorités au plus haut niveau pour que toutes les administrations se rencontrent, se parlent et arrivent à se partager les données pour agir mieux et efficacement dans l’intérêt du citoyen.
Les données sont principalement détenues par les GAMAM. Est-ce que l’Etat de Côte d’Ivoire a les moyens de réclamer ses données à ces géants mondiaux ?
L’Etat de Côte d’Ivoire fait ce qu’il peut. Il entre en contact avec ces GAMAM pour discuter de l’importance de coopérer. Nous souhaitons que la coopération soit réciproque. De même que nous mettons à leur disposition des informations dont ils ont besoin, de même nous attendons qu’ils répondent à nos préoccupations réelles qui touchent à la vie des citoyens ivoiriens. Dans tous les cas, nos autorités ne ménagent aucun effort, à chaque qu’elles ont l’occasion de rencontrer ces grands groupes, pour leur exprimer nos besoins et leur parler de la nécessité de coopérer.
Quelles sont les infractions numériques pour lesquelles vous êtes le plus sollicités ?
Aujourd’hui, il y ace qu’on appelle le chantage dans sa globalité, surtout usurper votre identité et vous faire chanter. Il y a aussi les injures, à travers le numérique et la gestion du mobile money. Ce sont des infractions récurrentes sur lesquelles nous travaillons au jour le jour pour apporter des réponses à nos concitoyens, à chaque fois qu’ils sont dans la détresse.
Quelles sont les dispositions juridiques sur lesquelles vous vous appuyer pour agir ?
De façon générale, il existe des dispositions juridiques. Entre autres, la Loi 2013-451 du 19 juin relative à lutte contre la cybercriminalité. Il y a aussi la loi sur les données à caractère personnel, la loi sur les transactions électroniques, le chapitre 11 du Code pénal consacré à lutte contre le mauvais comportement dans le milieu numérique afin de protéger les hommes et les femmes de ce pays.
Vous êtes chargé de la sensibilisation. Quel est le message que vous pouvez donner aux Ivoiriens pour les rassurer, dans cet univers impitoyable du numérique ?
Sachez que nous sommes tous des victimes potentielles de la cybercriminalité. On est sur internet, on pense ne pas être vus, or, dans le numérique, on laisse toujours des traces. Nous devons avoir un comportement sain pour que nous puissions nous protéger mais aussi protéger les autres. Notre société a besoin de chacun pour évoluer. Faisons donc attention à notre attitude derrière nos claviers.
Entretien réalisé
Par K. Bruno