En même temps qu’il pèse énormément dans la pollution de l’environnement, le numérique offre des opportunités dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. A l’African Digital Week, le 28 novembre 2022, au BBR, sur l’île Bouley, Pierre Supau, expert climatique, a présenté les enjeux de cette problématique.
Les opportunités du numérique dans la réduction des gaz à effet de serre
En 2022, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le numérique pèse pour 5% des émissions de gaz à effet de serre. En 2010, cette part était de 2,2%. En 12 ans, la pollution numérique a donc connu une augmentation de près de 3%. « Pour produire un ordinateur portable 2 kilos, il faut 800 kilos de ressources naturelles, 200kg d’énergie fossile, 600kg de mine et plusieurs milliers de litres d’eau », rapporte Pierre Supau.
En comparaison, l’empreinte carbone de l’aviation civile est de 1,9%, quand l’intégralité de la production agricole mondiale (Fruits, légumes, céréales, etc.) compte pour 5% des émissions de gaz à effet de serre.
Comment le numérique pollue l’environnement ?
Dans le détail, l’empreinte de carbone d’un ordinateur portable sur sa durée de vie est 300 kg. Celle d’une télévision ou d’un ordinateur fixe est d’une tonne. Or, en 2050, prévient Pierre Supau, le crédit carbone que chaque individu sur la planète sera autorisé à consommer est de 2 tonnes par an. « Donc, en fait, quand vous allez acheter une télé et un ordinateur fixe en 2050, vous aurez déjà dépensé tout votre budget carbone », avertit-il.
Pour tout dire, la part de pollution du numérique est très élevée en ce qui concerne la production des équipements où des tensions sont observées sur les chaines d’approvisionnement de micro-processeurs. Initialement, celles-ci étaient dues au Covid. Mais, des évènements climatiques localisés sur les chaines de valeurs ont empiré le problème. Sans compter l’usage déraisonné des ressources en eau dans la chaine de production.
Opportunités dans la réduction des émissions de gaz de serre
En illustration, une tempête de neige au Texas, aux Usa, a touché simultanément 3 usines majeurs qui représentaient 5% de la production mondiale de micro-processeurs. La production a été interrompue pendant 3 mois, entrainant une explosion des prix des composants. Et Samsung a perdu 300 millions de dollars, et XP 100 millions de dollars.
Cependant, le tableau n’est pas que sombre. Au dire de Pierre Supau, « le réseau informatique en tant que tel est optimisé ». De plus, le numérique offre des opportunités économiques nombreuses soit dans la lutte contre les effets du changement climatique, soit dans la réduction des causes du changement climatique.
Imagerie satellite et Big data : des instruments d’analyse climatique
Par exemple, l’imagerie satellite, accessible aux startups et aux PME, à moindre coût. Désormais, souligne l’expert en climat, grâce au numérique, « on peut faire de l’analyse d’images, créer des volumes automatisés pour combattre la déforestation, analyser les rendements agricoles, connaitre les meilleures périodes d’inondation des rizières, etc. ».
Mieux, le Big data ou l’analyse des données est, selon lui, une chance pour les entreprises et les agriculteurs pour produire efficacement et gérer avec intelligence les déchets. Le message des experts climatiques, c’est que chaque dixième de degré de réchauffement climatique compte. L’objectif est de mettre tout en œuvre pour maintenir le niveau d’élévation de la température à 2°. Au-delà de 2°, les catastrophes seraient innombrables. En 2022, il se situe à 1,1°.
K. Bruno