Mohamed Sounkéré est le directeur général de Veone, une entreprise ivoirienne spécialisée dans l’édition de logiciels. Celle-ci accompagne les entreprises dans la transformation digitale en leur proposant des solutions sur mesure.
A l’African Digital Week (ADW 2022), au BBR, sur l’île Bouley, le directeur général de Veone a lancé un message à l’Etat. Interview !
Qu’est-ce qui justifie votre présence à l’African Digital Week ?
Nous sommes présents à l’African Digital Week à double titre. D’abord, en tant que membre du GOTIC (NDRL : Groupement des opérateurs des télécoms/TIC). Ensuite, en tant que membre de la Commission nationale de l’économie numérique de la CGECI (NDRL : Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire).
Il était important pour nous de participer à cette rencontre afin d’échanger avec nos pairs de thématiques et de sujets tels que la gouvernance de l’informatique et des télécommunications en Côte d’Ivoire, la souveraineté numérique, la confiance numérique, et comment est-ce que le secteur privé peut contribuer, par son savoir-faire, au processus de transformation initié par l’Etat de Côte d’Ivoire.
Quelle analyse faites-vous de l’expansion rapide du numérique dans l’économie ivoirienne et même dans le changement de mode de vie des Ivoiriens ?
Nous ne sommes surpris. Dans le numérique, les choses vont très vite. Il y a quelques mois, nous étions au lancement de la 5G. Cela veut dire que chaque année, il y a de l’amélioration, de l’innovation. Il est donc important que la Côte d’Ivoire, à travers son secteur privé, continue à travailler sur ce secteur. Il y a encore beaucoup à faire en termes de digitalisation. Aujourd’hui, nous ne sommes pas totalement satisfaits.
Que faut-il pour atteindre la satisfaction en termes de digitalisation ?
Il y a un effort à faire sur l’ensemble de la chaine de valeurs pour atteindre le résultat de digitalisation. Il y a un travail à faire en termes d’éduction, d’organisation, de gouvernance des projets, d’infrastructures parce que l’internet coûte cher, et les data center, il n’y en a pas suffisamment. Il y a un effort à faire en termes d’accompagnement des start-ups et des entreprises privées qui travaillent sur le secteur. Il y a un effort à faire sur la conception de contenus locaux parce que nous consommons énormément de contenus venant de l’international. Donc, nous devons être capables de créer du contenu attractif avec des solutions purement conçues par les Ivoiriens et les Africains.
Les compétences ici sont-elles remises en cause ?
Oui et non ! C’est vrai qu’il y a, aujourd’hui, un problème de compétences et de cursus de formation dans les différentes universités. Mais, un effort est en train d’être fait. Et comme nous sommes dans la technologie, il y a quand même un gros effort personnel à faire pour arriver à un niveau de maturité sur la capacité des différents acteurs à travailler sur ces problématiques.
Mais, pour nous, notre appel, c’est de demander à nos institutions de nous faire confiance. Il faut qu’elles nous envoient des projets challengeant. A ce moment-là, le secteur privé pourra se dimensionner pour répondre à ces problématiques, et par ricochet, atteindre les objectifs de qualification et de compétences attendus.
Il faut que l’Etat nous fasse confiance
Le message est très clair. Nous, entreprises privées, nous estimons avoir les compétences pour adresser des problématiques. Donc, nous souhaitons que l’Etat nous fasse confiance et nous appelle à une table de discussions pour que nous puissions contribuer à l’essor du numérique dans notre pays.
Entretien réalisé
Par K. Bruno