La photo de profil et les sobriquets sont des éléments d’informations ou de désinformations qui servent de carte d’identité sur les réseaux sociaux. Aucun moyen de vérification réelle n’est possible.
C’est une brèche espérée dans laquelle s’engouffre l’engeance pour repérer ses victimes. Triomphe des pratiques de mauvais aloi. Extorsions de fonds et arnaques. La loi est piétinée. Même de notoriété publique, ce sont des délits tolérés.
O.A., un ami de longue date, est un homme public ivoirien. En 2018, il se lie d’amitié virtuelle sur Facebook avec une belle femme blanche répondant au profil M. Durant. Ensemble, ils se livrent à leur passion, leurs pulsions. Ils se dévoilent virtuellement, toujours, leur intimité : photos et vidéos osées. Messages d’amour enflammés, promesses de voyage pour une rencontre physique. Le choix du pays est fait.
Le piège des appels vidéos
En attendant, M. Durant brûle de désir. Elle convainc O.A. de l’emporter, virtuellement toujours, via Facebook et Messenger, au 7ᵉ dans un appel vidéo. O.A. s’exécute. Il se dénude. Elle se dénude. Ils se donnent du plaisir réciproque devant la caméra, à visage découvert. Les minutes qui suivent, O.A. reçoit un message : « J’ai filmé la scène. Si tu ne me paies 2 millions FCFA, je balance la vidéo à ta femme, à tes enfants et à tous tes amis ».
O.A. découvre qu’il s’est fait piéger. Il est aux abois. En réalité, M. Durant n’est pas M. Durant. Elle n’est pas non plus la femme blanche qu’elle prétendait être. C’est un jeune homme, vivant au Bénin, qui se cache derrière ce profil. Ce dernier n’a eu qu’à télécharger des vidéos de scènes obscènes, sur Google, qu’à trafiquer sa voix, grâce à des logiciels et applications adaptés, pour lui donner une tonalité féminine. En naviguant sur Facebook, à la recherche de pigeons à plumer…, O.A. tombe dans son filet.
Facebook pas responsable des désagréments
De peur d’être dévoilé, dans sa bêtise, par sa femme, ses enfants, ses amis et collègues, pour qui il est un homme respectable, O.A. négocie avec l’arnaqueur. Il obtient un rabais. Toujours est-il qu’il finit par payer la somme de 1 million de FCFA. Le chantage s’arrête. M. Durant, l’arnaqueur, promet de détruire la vidéo. Il tient sa promesse puisque malgré nos recherches sur les plateformes dédiées à ce genre de vidéos, nous ne la verrons pas.
Les délinquants trouvent ainsi une terre de camouflage fertile. Leurs activités prospèrent. Elles exaspèrent les bonnes âmes. Quiconque se hasarde sur Facebook ou Instagram doit couvrir ses arrières. Au pays des avatars, ces plateformes ne sont pas responsables des désagréments liés à tout acte répréhensible.
K. Bruno