Le développement d’internet porte dans ses pas, la florescence du concept de marketing d’influence. Une activité exercée par des personnes suivies sur les réseaux sociaux par un nombre important d’abonnés à leurs pages Facebook, Tweeter, Instagram et TikTok. Censés influencer le comportement de ces derniers, elles sont appelées les « influenceurs ».
Cooptés par des entreprises, des marques et des enseignes publicitaires, captés par l’enrichissement, nombreux parmi eux gagnent beaucoup d’argent. C’est un nouveau métier du numérique, une carrière nouvelle, qui prend forme avec ses multiples facettes. On y rencontre de beaux exemples de réussite. Par la fascination de l’image projetée sur les abonnés, ils sont adulés et sublimés. Par contre, certains dans des élans narcissiques, s’affublent de sobriquets.
Les influenceurs web sur le chemin mercantile
Désormais, nimbés du statut supposé ou réel de « leaders d’opinion », on verse dans tous les débats sociaux et politiques. On s’éloigne de la perspective économique pour le chemin mercantile. Il faut « vendre ses prestations », les prises de position deviennent des entreprises de positionnement. Cela ouvre parfois la voie à plusieurs dérives. Fausses informations, diatribes injurieuses, course au buzz. On veut être vu et entendu. On réclame les « partages » et les « like ».
Lors de la récente CAN 2021 au Cameroun, des influenceurs ont activement participé à la crise des « maillots ivoiriens brûlés » par les supporters camerounais. Exacerbée, de part et d’autre, elle a déchainé les passions, enchaîné les crispations. En ce moment-là, ces influenceurs, ont-ils été actionnés ou eux-mêmes influencés ?
Le 9 mars 2022, lors d’un Conseil des ministres tenu à Abidjan, deux projets de loi concernant les acteurs de la communication ont été adoptés. Ils modifient les lois du 27 décembre 2017 portant régime juridique de la presse et régime juridique de la communication audiovisuelle. « Il s’agit de mieux assurer une régulation efficiente des mécanismes nouveaux et croissants de la communication publique ».
Les autorités considèrent que les activités de communication audiovisuelle et les productions d’informations numériques diffusées par internet et d’autres réseaux multimédia ne sont pas suffisamment prises en compte par la législation et échappent à la vigilance de l’Autorité nationale de la presse (ANP) et de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA).
L’enjeu est de préserver la société des abus. Pour le porte-parole du gouvernement, M. Amadou Coulibaly, des contenus inadaptés aux mineurs, appelant à la haine, à la discrimination ethnique, raciale et religieuse sont quotidiennement colportés par les réseaux sociaux. Peut-il contrer cet instrument nouveau de communication ? Rien n’est moins sûr. Une chose est sure, les influenceurs web disposent du pouvoir. Et comme tout détenteur de pouvoir, ils en abusent. Impunément !
K. Bruno