L’intelligence artificielle occupe l’actualité mondiale. Dans cette mare agitée, la voix de l’Afrique est peu ou pas audible. Il lui reste tellement de défis à relever ! A l’ouverture de Transform Africa Summit, du 26 au 28 avril 2023, à Victoria Falls, au Zimbabwe, le président rwandais Paul Kagamé a mis le pied dans le plat…
Personne ne sait ce que l’intelligence artificielle réserve à l’humanité. Les innovations qu’elle propose sont, en revanche, menaçantes pour les emplois, le mode de vie, la sécurité et l’équilibre mondiale. Dans cette ambiance anxiogène, l’Afrique cherche ses repères.
La connectivité
C’est un fait. Il y a une révolution numérique sur le continent. Mais, l’Afrique est la région, la moins connectée du monde. Certes, la pénétration du haut débit mobile se répand, mais plus de 60 % des Africains qui y ont accès ne l’utilisent pas. « Pour s’assurer que tout le monde ait accès à un haut débit abordable et dispose d’un appareil intelligent, nous devons continuer à réduire les coûts », propose le président Paul Kagamé. Du reste, il appelle les dirigeants africains et les capitaines d’industrie à agir pour l’adoption de la technologie afin de la faire fonctionner pour l’Afrique.
Le réseau une seule Afrique !
Sur les questions de l’identité numérique et de la cybersécurité, Paul Kagamé invite ses pairs, dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) à mettre en place le réseau « Une seule Afrique ». « Nous devons faire en sorte que les identités numériques des individus et des entreprises soient transférables au-delà des frontières, tout en utilisant la technologie pour réduire les obstacles au commerce », dit-il. Il ajoute qu’il faut prêter attention à l’interopérabilité, à la capacité d’échanger et de partager des informations à travers le continent, de faciliter le commerce et la circulation des personnes.
Les infrastructures
Les infrastructures. C’est la base du développement numérique. « Une tâche gigantesque si vous essayez de le faire, en tant que pays seul », reconnaît le ministre botswanais de l’Economie numérique. « Mais, lorsque nous le faisons collectivement, il y a des opportunités pour nous tous, parce que nous savons que nous sommes confrontés, en tant qu’Africains, aux mêmes défis. Si nous ne nous y attaquons pas, l’Afrique ratera le train », prévient-il. Ici, l’implication du secteur privé, des fournisseurs d’accès internet, est attendue. Reste un challenge commun : l’accès au financement qui retarde le rythme d’expansion des infrastructures.
La règlementation
La réglementation. C’est le principal chantier de la transformation digitale de l’Afrique. Mettre en place les politiques nationales qui assurent la protection des citoyens tout en favorisant le développement du secteur, c’est la charge qui incombe aux dirigeants du continent. Mais aussi et surtout l’harmonisation des politiques nationales avec les politiques régionales et internationales, afin que l’Afrique évolue de manière synchronisée. Le challenge, c’est de mettre en place la plateforme qui va porter l’innovation tout en protégeant le consommateur, le citoyen en termes d’information et de données personnelles, d’usurpation d’identité, de cyber-violences, etc.
Compétences numériques
Enfin, investir dans les compétences numériques des citoyens africains par la formation de jeunes qui seront en mesure de porter l’Afrique numérique de demain. Avec l’IA, 80 % des métiers d’aujourd’hui vont disparaître dans les vingt années à venir. Les systèmes d’enseignement et de formation africains devraient être mis à jour. Ce défi ne sera relevé sans une capacité d’africanisation, autrement dit d’une adaptation de la technologie aux besoins et réalités du continent. Les pays africains devraient également aspirer à créer leurs propres « normes d’excellence ».
Dossier réalisé par
K. Bruno