Alors que les communicateurs continuent à glorifier l’avènement de la « société de l’information », de nombreuses interrogations apparaissent sur l’impact social d’internet et des technologies de l’information et de la communication (TIC) qui y sont associées.
Internet, un facteur de destruction des liens
Dans la généalogie du téléphone portable, se profile l’ombre de l’ordinateur. Initialement utilisé pour faciliter les activités professionnelles, il a quitté les bureaux et les services pour s’installer dans les foyers. Il a pris place dans les familles avec le sobriquet poétique de « l’amant » au regard de son magnétisme sur les membres des différents couples. Il ouvre ainsi les premières brèches.
Avec l’essor de l’internet, d’autres écrans sont mis au jour : smartphones et tablettes. Des téléphones portables dont la tâche initiale est de favoriser les liens à distance entre les membres d’une même famille ou d’une communauté. Comme les premiers ordinateurs, ces derniers s’invitent dans les domiciles et changent de mission, glissent vers une autre perspective : dévoyer les relations familiales. Œuvrant sous le faisceau de pratiques numériques (Réseaux sociaux et jeux en ligne), ils remplacent les relations fusionnelles.
On n’est plus ensemble, on est côte-à-côte
Ces dernières perdent du terrain. Regards de complicité, câlineries et confidences sont mises sous boisseaux. Les yeux et les doigts fixés, rivés sur les écrans, on « navigue ». On n’est plus ensemble, on est « côte-à-côte ». Dans le couple, madame est sur son téléphone, monsieur est sur son téléphone. Les enfants sont sur leurs téléphones. En pleine discussion, on préfère interrompre son interlocuteur et prendre un appel de celui qui est loin. « Excuse-moi, je dois répondre, c’est un appel très important », s’entend-on dire. Ou encore « désolé, je dois répondre à un message ». Le lointain supplante le proche.
La vie de famille, la vie entre amis et frères s’évanouit dans les limbes d’un monde virtuel. L’on n’arrive plus à savourer les instants les plus importants de la journée. Les repas communs, les retrouvailles entre proches, l’intimité conjugale, les échanges intimes entre parents et enfants sont piétinés par la redoutable adversité de l’internet.
Temps moyen sur les écrans par jour
Selon des sondages, chaque membre d’une famille passe en moyenne 4 à 11 heures sur un écran chaque jour. Dans les pays développés, 36 % des parents consultent le téléphone pendant le repas avec leurs enfants, et 28 % le font en jouant avec eux. Pendant ce temps, plus de 50 % des couples passent une partie de leur temps sur le téléphone après être rentrés chez eux.
Les réseaux sociaux seraient un facteur favorisant l’intrusion étrangère dans l’intimité familiale. Pis, ils facilitent les relations extraconjugales. Les sites d’offres alléchantes de services érotiques attirent autant les hommes mariés que les femmes mariées. De même que les conversations WhatsApp, Messenger et autres tissent des toiles de liaisons, aiguisent des appétits aux conséquences quelquefois chaotiques.
Impératif des temps nouveaux, mais arme des vents brumeux, internet est comme un couteau à double tranchant dans la vie des familles. Dans la vie tout court. Sauf que plus personne ne peut s’en passer dans un monde nouveau qui appellent des nouvelles attitudes… irréversibles.
K. Bruno