La digitalisation au service de la modernisation de l’état civil en Côte d’Ivoire. Une opportunité pour faciliter la vie aux Ivoiriens et permettre à l’État de faire une meilleure planification de sa politique sociale et économique avec des données fiables. Un projet de modernisation de l’état civil financé par l’Union Européen à hauteur de 3.3 milliards de FCFA à travers CIVIPOL.
En Côte d’Ivoire, un enfant sur trois de moins de 17 ans n’est pas déclaré à l’état civil. Ensuite, 40% des naissances déclarées à l’état civil le sont sur la base d’un jugement supplétif parce que la déclaration de naissance est faite hors délai. Enfin, seuls 20% des décès sont déclarés.
Un système d’enregistrement des faits d’état civil
Ces chiffres ont motivé le gouvernement, à travers l’Office national de l’état civil et de l’identification de Côte d’Ivoire (ONECI) à développer un logiciel et une application afin de capter tous les faits d’état civil de tout national, étranger vivant en Côte d’Ivoire et Ivoirien de l’étranger, dès la naissance.
Le déploiement de ce nouveau système d’enregistrement des faits d’état civil a été présenté le mardi 8 novembre 2022, à Ivotel Plateau-Abidjan. L’ONECI effectuait le lancement de sa campagne de communication autour de la modernisation du dispositif de l’état civil et de l’identification.
Selon le directeur général de l’agence d’exécution, Ago Christian Kodia, les agents de collecte communautaire, les agents de collecte sanitaire (Infirmiers, sages-femmes et médecins), les officiers d’état civil (Maires), les professionnels du secteur funéraires, seront équipés de tablettes où sera téléchargée l’application. Chacun disposant d’un code d’accès sécurisé.
La déclaration de naissance désormais automatisée
Ainsi, dès la naissance d’un enfant dans une maternité, la déclaration est faite par la sage-femme ou l’agent de collecte communautaire. « Le feuillet que la sage-femme devrait remplir manuellement pour être acheminé au centre d’état civil est capté par cette application mobile », a expliqué le directeur général de l’ONECI.
Ces données sont, par la suite, transférées automatiquement à l’officier d’état civil qui, par jour, reçoit l’ensemble des déclarations de naissance dans tous les centres de santé et dans tous les postes de collecte communautaire de sa circonscription. Enfin, le tout reversé dans le système central d’identification de l’ONECI, sous le contrôle de la justice.
En somme, grâce à une connexion sécurisée à un ordinateur, plus aucune donnée d’acte d’état civil ne devrait se perdre. Étant entendu que sous l’ancien système des registres, les conditions de conservation (Températures, intempéries, incendies) n’offraient pas de sécurité.
Les avantages de la digitalisation des faits d’état civil

Les avantages de ce système numérisé ou digitalisé sont évidents. « L’Etat saura, en temps réel, tous les faits d’état civil qui surviennent : naissance, mariage et décès. Les informations collectées sur la mère sont disponibles. En temps voulu, on émet l’extrait d’acte de naissance actualisé avec le nom de l’enfant. Ce n’est plus une déclaration perdue. Les parents ne seront plus obligés d’aller faire un jugement supplétif parce qu’ils n’auront pas déclaré à temps l’enfant », a fait observer Ago Christian Kodia.
Attribution automatiquement de numéro national d’identification au nouveau-né
Pour tout dire, ce nouveau système permet d’enregistrer les naissances, les décès, les mariages, les divorces, la transcription des décisions de justice et les mentions spéciales. Il attribue automatiquement au nouveau-né son numéro national d’identification (NNI), rapporté plus tard sur sa carte nationale d’identité.
Et l’Etat dispose de données fiables pour peaufiner sa politique de développement : construction d’école, de centre de santé, programme de vaccination, etc., faire une meilleure répartition des fruits de la croissance économique du pays.
100% de déclarations de naissances à l’horizon 2025
La phase pilote de cette opération de modernisation de l’état donne déjà des résultats satisfaisants, au dire du directeur général de l’ONECI. Dans 17 centres d’état civil couverts, les statistiques affichent un taux d’augmentation des déclarations de naissance de 46%, comparées à l’annuaire statistique de 2020.
« Dans certains endroits, les zones cacaoyères surtout, où les déclarations étaient difficiles, le nombre de déclarations a triplé », se réjouit-il. Il promet que l’ONECI étendra cette opération à l’ensemble des 31 régions, 201 communes, 14 districts et plus de 800 centres d’état civil de la Côte d’Ivoire, à partir de 2023.
L’objectif est d’atteindre 100% de déclarations de naissances à l’horizon 2025. Mais, aussi à terme, dématérialiser tous les actes de l’administration publique ivoirienne.
L’application MyOneci pour faire de demande d’actes en ligne
En attendant, l’agence d’exécution a développé une autre application mobile MyOneci, disponible sur Play Store. Sur celle-ci, les usagers peuvent prendre connaissance des premiers services électroniques de l’ONECI. En effet, grâce à cette application, les Ivoiriens, dans un futur proche, devraient pouvoir faire, entre autres, leurs demandes d’extrait d’acte de naissance en ligne.
La mère de la carte nationale d’identité, c’est l’état civil
« On nous a toujours entendus parler de la carte nationale d’identité. Mais la mère de la carte nationale d’identité, c’est l’état civil. Le véritable problème qui fonde la question de l’identification en Côte d’Ivoire et qui va permettre de construire le Registre national des personnes physiques (RNPP), c’est l’état civil. Les instructions du gouvernement sont que ce chantier qui a commencé depuis longtemps puisse enfin voir le jour », a justifié Ago Christian Kodia.
K. Bruno