La grève des propriétaires de points de vente mobile money est suspendue. Elle devrait reprendre puisque les revendications des grévistes n’ont pas été satisfaites. En attendant le retour, les multinationales nourrissent des solutions de contournement.
Les propriétaires de points de vente mobile money, après deux grèves consécutives, reprennent le travail le 16 août 2022. Ils réclament aux opérateurs, Orange Money, MTN Money, Moov Money, la revalorisation de leurs commissions et rémunérations. Ces derniers, dans le déni, décident de les contourner en se tournant vers les banques, les stations-services et maisons d’assurances.
Fintech, la population au milieu d’une guerre de tranchée
Face à la guerre des tranchées opposant les principaux acteurs du mobile money, la population est entre le marteau et l’enclume. Sous coupe réglée, elle ne peut mobiliser des fonds. L’argent est immobilisé par les adversaires du ring numérique. Malheur à ceux qui manquent de cash dans une situation critique comme une maladie.
Ou alors, il faut se ruer à la rencontre des destinataires des rares sous encore disponibles, en assumant d’autres coûts. Ce sont les dommages collatéraux d’un retour aux temps anciens ! Pourtant, l’avènement du mobile money n’a pas été facile. Mais, une fois adopté, le secteur a connu un développement fulgurant. Aujourd’hui, impossible de s’en passer. Et c’est en ce moment-là que les propriétaires des PDV décident d’entrer en grève.
Les solutions de contournement d’Orange, MTN et Moov
Qui perd ? Les populations oui ! Mais les plus gros perdants, ce sont les propriétaires des points de vente. Orange Money, MTN Money, Moov Money sont des multinationales. Chaque jour, elles réfléchissent à développer leurs activités. Elles ont des cerveaux dans le numérique et les moyens financiers. Les solutions pour contourner les sautes d’humeur des points de vente, elles y travaillent.
D’ailleurs, aujourd’hui, elles s’allient aux banques, stations-services. Un jour, elles vont développer des distributeurs automatiques dans les quartiers. Certains en ont déjà, à une petite échelle certes, mais les moyens pour les déployer à grande échelle, elles les ont. Et puis, les paiements directs par mobile money se développent lentement mais sûrement dans les grandes surfaces, les restaurants, les taxis, dans les maquis, au bar, dans les pharmacies, et même chez la vendeuse d’attiéké du quartier.
Et si les PDV arrêtaient de se comporter comme des fonctionnaires
Au fait, en termes de rémunération, les bénéfices des propriétaires de PDV dans cette affaire se font par volume de transaction. Autrement dit, plus vous faites des transactions, plus vous gagnez. À Orange, par exemple, si le point de vente engrange 1 million, sa commission avoisine 5000 FCFA. Au regard de l’utilisation massive du mobile money et des flux financiers énormes dans ce secteur, enregistrer un volume de transaction d’1 million FCFA par jour n’est pas hors de portée.
Encore faut-il, pour l’atteindre, que les points de vente acceptent de travailler comme des opérateurs privés plutôt que comme des fonctionnaires. Or, au quartier, le constat n’est pas au travail. Les points de vente ouvrent à 9h et ferment à 18h. Le samedi, ils ferment à 13h. Le dimanche, ils ne travaillent pas. Certains refusent les opérations de 1000F ou 2000F. Combien de clients perdent-ils dans ce laps de temps et dans ces conditions ?
Chez nous, on dit, 5F plus 5F donne 10F. Si tu n’as pas compris, c’est que tu ne connais pas la valeur de l’argent.
K. Bruno