Quand l’amour vire au drame, tous les moyens sont bons pour faire payer à l’autre son imprudence. Les vidéos et photos captées pendant l’idylle se transforment alors en cauchemar.
Les réseaux sociaux créent de nouveaux nids d’amour. On se rapproche plus facilement. Les potentiels nouveaux élus pullulent…
Histoire authentique. Des minutes que mon cousin est scotché sur son téléphone. Il regarde une vidéo. Qu’est-ce qui l’hypnotise tant ? Une jeune fille se trémousse toute nue. Mon cousin, maitre de conférence à l’Université de Cocody, me fait savoir qu’il connait bien la fille en attraction. Elle habite de l’autre côté de la rue de son quartier. Mais pourquoi s’expose-t-elle ainsi sur les réseaux sociaux ?
Vidéos détournées de leur usage privé
La réponse m’éclaire. La vidéo était destinée à une seule personne : son copain. En le faisant, elle voulait partager, derrière la caméra de son téléphone, son intimité avec son amoureux. Plus tard, la relation se brise à cause des infidélités répétées de la jeune fille. Pour se venger, le copain décide de publier la vidéo sur les plateformes dédiées à ce genre de spectacle érotique. La vidéo privée est ensuite partagée entre amis, dans des groupes WhatsApp et Messenger. De fil en aiguille, toute la Côte d’Ivoire visualise.
Quelques années plus tôt, à la fin des années 2000, une scène impudique entre une employée, secrétaire à la CECP Abidjan, et son supérieur est sortie de son usage personnel pour se retrouver sur la place publique, dans les téléphones et ordinateurs des Ivoiriens. En 2018 et 2020, également, des vidéos d’orgies entre élèves des lycées et collèges d’Abidjan, des vidéos d’orgies entre étudiants et étudiantes d’universités privées de renom d’Abidjan ont, elles aussi, abondamment circulé sur les réseaux sociaux. Les scandales qui se sont ensuivi ont ému la Côte d’Ivoire.
Amour à l’aveugle, dérive des temps nouveaux
Il se trouve que cette tendance à se filmer en pleins ébats connait une obscure prospérité. Certaines femmes croient ainsi faire plaisir, par amour, à leurs amants, sans mesurer les conséquences. Confiance, insouciance, inconscience ou manque de connaissance ? Une légère insistance, et elles se dénudent, quelquefois contre de l’argent, sur WhatsApp et Messenger.
Or, des liaisons aventureuses nouées peuvent s’avérer dangereuses à la suite des ruptures douloureuses. Il faut faire payer à l’autre sa prétention à quitter le royaume de toutes les vilenies, de toutes les lubies. Certains tourtereaux, grisés par les effluves du mirage, oublient que le téléphone portable ou l’ordinateur ne sont que des appareils capables de tomber entre des mains indélicates. Et quand les images, entretiens vocaux ou écrits compromettants sont divulgués à satiété, à volonté, des réputations sont détruites.
L’amour à l’aveugle, dérive des temps nouveaux, mais une rive aux relents anciens : L’attachement des hommes aux risques incontrôlés. Combien de vies la jalousie d’un amant abandonné ont-elles été bidonnées sur internet ?
K. Bruno