L’Afrique serait-elle un éternel scandale en termes de développement ? Assis sur des minerais, le continent est connu pour être un scandale géologique. Pis, malgré son potentiel numérique, il peine à faire sa mue.
Le potentiel de l’Afrique en termes de transformation numérique, de l’avis des experts, n’est plus à démontrer. Par exemple, selon le directeur général de Smart Africa, Lacina Koné, qui faisait une communication lors de l’African Digital Week, au BBR, sur l’île Bouley, fin novembre 2022, l’Afrique est le leader mondial des services de paiement mobile, grâce, entre autres, à MTN mobile money, Orange Money, Vodafone cash, Airtel.
Afrique : taux de croissance internet de 47%
Et ce n’est pas tout. L’Afrique est le continent dont la croissance est la plus rapide en termes de pénétration du haut débit internet avec un taux de croissance annuel de 47% entre 2015 et 2019. Les spécialistes prévoient, par ailleurs, une multiplication par 4 de sa consommation totale d’internet, passant de 15 térabits par seconde, en 2022, à 74 térabits par seconde, en 2024.
Sur le plan macro-économique, 6 des 10 économies les plus performantes se trouvent en Afrique; 5 des 10 premiers pays réformateurs de l’indice de la Banque mondiale sur la facilité de faire des affaires sont en Afrique ; la Zone de libre échange ZLECAF, entrée en vigueur en 2021, prévoit, du reste, un PIB combiné de plus 3400 milliards de dollars en 2025 ; et en 2040, 233 millions de jeunes africains ayant suivi un enseignement arriveront sur le marché du travail.
Afrique : faible transformation digitale
Malgré cette force brute, la transformation digitale en Afrique est encore faible, constate le directeur général de Smart Africa. Le continent ne compte que 7 Licornes, « autrement dit, 7 enseignes de start-ups/TIC africaines susceptibles de créer des emplois et générer la croissance », regrette Lacina Koné.
Pourquoi ? « Le potentiel de l’Afrique est réel mais il n’est pas audible parce que l’histoire du continent n’est pas assez racontée par les Africains eux-mêmes. Ou lorsqu’elle est racontée, elle teintée de pessimisme », répond-il. Il suggère, par conséquent, « de travailler avec l’ensemble des partenaires publics et privés pour l’amélioration des pratiques légales et réglementaires, mais aussi pour la définition d’actions à fort impact sur le quotidien des citoyens ».
Les défis de la transformation numérique en Afrique
Pour relever ce défi, le secrétariat de Smart Africa a défini une stratégie triennale 2023-2025 reposant sur 4 piliers :
- L’harmonisation des politiques et réglementations en Afrique afin d’attirer les investissements dans le paysage numérique ;
- La construction d’infrastructures numériques durables et résilientes ;
- Le développement de la technologie pour accélérer l’adoption des biens et services numériques ;
- La création de contenus (Produits et services numériques) pertinents qui suscitent l’intérêt des consommateurs afin de dynamiser la transformation numérique.
Cette stratégie repose sur 4 programmes : Les infrastructures numériques durables et inclusives ; L’autonomisation numérique et le renforcement des capacités ; L’accélération du commerce et des services numériques ; et Le programme d’accélération numérique pour les Etats membres de Smart Africa.
Smart Africa : accélérateur de la transformation digitale en Afrique
« Le secrétariat de Smart Africa et l’ensemble de ses partenaires apporteront des solutions nécessaires et suffisantes à tous ces défis qui peuvent obstruer le bon déroulement de la transformation digitale », promet Lacina Koné.
Les 30 et 31 janvier 2014, le Manifeste de Smart Africa, adopté à Kigali, en 2013, au sommet Transform Africa, est approuvé par les 53 chefs d’État et de gouvernement africains, lors de la 22ème session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba. Depuis lors, l’UA place Smart Africa au cœur de l’agenda des TIC en Afrique pour accélérer la transformation digitale.
Par K. Bruno