Entretien, Raissa Banhoro est directrice de Simplon Côte d’Ivoire (fabrique destinée à former les jeunes aux métiers du numérique, filiale du groupe Simplon.co, basé en France). Dans cet entretien qu’elle nous a accordé, elle parle de l’opportunité qu’offre le numérique aux femmes aujourd’hui.
C’était à l’occasion de la journée de la science et de la recherche scientifique organisée par la Fondation Friedrich Naumann, récemment, à Abidjan, sur le thème : « Femmes, science et innovation ».
Le thème de Falling Walls Lab (briser les murs du silence) 2022 est « Femmes, science et innovation », que vous inspire cette thématique ?
L’idée, c’est de motiver les femmes à s’intéresser à la technologie et nous, en tant que devancière, nous avons initié des actions dans le but de sensibiliser les femmes et leur permettre d’être de plus en plus nombreux dans les sciences.
Vous avez parlé d’actions, lesquelles ?
Moi, avec Simplon Côte d’Ivoire, nous formons les femmes dans les métiers techniques du numérique, tel que la communication digitale, data et intelligence artificielle, développeur web et mobile, Cryptomonnaie et la Blockchain. On propose des formations gratuites pour que toutes les femmes aient la chance de s’insérer dans ce domaine. Quand on sait que les femmes sont confrontées à des difficultés de moyens financiers pour poursuivre leurs études, nous proposons une formation gratuite pour les aider à s’insérer dans les métiers du numérique.
Et comment fait-on pour participer à cette formation ?
Pour bénéficier de nos formations, il faut avoir au moins 18 ans, être une personne demandeuse d’emploi et puis il faut avoir de l’appétence, c’est-à-dire l’amour du numérique, Le reste, nous, on se charge de la formation.
Il n’y a pas de test d’entrée ?
Effectivement, pour sélectionner les participants à cette formation, on procède par des tests, mais ce sont des tests de motivation. Le critère principal de sélection de nos formations est la motivation et la disponibilité des candidats. Nous ne tenons pas compte des critères techniques parce qu’on se dit que l’apprenant est là pour apprendre, donc on se charge de la formation, mais il faut avoir la motivation.
Vous avez une plateforme dédiée à cet effet ?
Oui, pour participer à nos formations, vous pouvez vous inscrire sur le site Simplon.ci ou allez sur la page sociale média LinkedIn, lorsqu’on lance nos appels à candidatures, vous pouvez voir les formulaires à remplir.
Est-ce que tout le monde peut participer à vos formations ? Je veux dire quelqu’un qui a fait une formation tertiaire ?
La beauté de nos formations, c’est qu’on sélectionne des profils de divers horizons, que vous soyez littéraire ou scientifique, comme je l’ai déjà dit, le critère de sélection, c’est la motivation et la disponibilité.
Quels sont les résultats que vous avez aujourd’hui de cette expérience ?
Actuellement, nous sommes à un taux de formation des femmes de 50% qui ne sont pas scientifiques avec un taux d’insertion générale de 96%. Elles avaient fait le droit, les Lettres modernes et on les oriente plus vers les métiers qui sont adaptés comme développeurs d’application où on n’a pas forcément besoin d’avoir Bac+5 ou encore référent digital où elles font l’apprentissage du multimédia. En fait, les sciences ne sont pas des conditions pour entrer dans nos écoles.
Mais quels sont les défis que les femmes ont à s’intégrer dans les filières scientifiques, selon vous ?
Ce sont des difficultés liées au genre, à leur condition de femme. Après la formation, elle doit aller faire les tâches ménagères, ce qui les mets en retard, tant dans leurs évolutions que dans leurs apprentissages. Et puis il y a le fait qu’une femme est indisponible 1 ou 2 fois dans le mois, tout le monde sait, ce qu’on a et cela nous retarde. Ce qui fait que les hommes prennent parfois une avance sur nous, mais après quand tu as affaire à des femmes qui sont motivées, tu ne sais même pas si ce sont des femmes, parce que la motivation fait qu’elle arrive à se surpasser et à relever les défis.
Mais très souvent, on reproche aux femmes d’utiliser des subterfuges pour fuir le travail ?
Mais après tout dépend de la motivation. Si elle vient juste pour être là, elle va user de subterfuges pour manquer à la formation, mais si elle sait pourquoi elle est là, elle est motivée. Si c’est le métier qu’elle veut embrasser, elle est toujours présente, malgré les difficultés, mais lorsque tu tombes sur une femme qui donne des excuses, tu te rends compte qu’elle est juste là, mais ce n’est pas quelque chose qu’elle veut faire, même si on encourage les femmes à s’intégrer dans les sciences. Nous avons rencontré des femmes, qui avaient fait des filières littéraires qui ont choisi le métier de développeur d’application, elles se sont démarquées et elles travaillent dans de grosses boîtes, aujourd’hui.
Pour terminer, pensez-vous que la science et la technologie est un secteur porteur pour les femmes ?
D’abord, il faut savoir que la technologie est un secteur qui emploie aujourd’hui beaucoup de monde, donc il faut inciter la femme à s’orienter dans ce secteur. C’est ce que nous faisons. Et je pense que si elle veut avoir un métier en ce moment, il faut s’intégrer dans les métiers du numérique qui sont hyper diversifiés aujourd’hui et offrent énormément de potentialités.
Entretien réalisé par Eugène YAO