Le 23 août 2022, une vidéo montrant l’humoriste ivoirienne Eunice Zunon et son amant, l’artiste camerounais, Ténor, en train de se bagarrer devient virale sur les réseaux sociaux. Derrière la caméra, le manager de l’artiste. Il choisit de filmer la scène plutôt que d’intervenir pour mettre fin à cette rixe.
Le jeudi 9 décembre 2021, Bleu Brigitte, actrice de la série « Un mari pour deux sœurs », mère de l’influenceur Apoutchou National, pique une crise au volant de sa voiture, au carrefour La Vie, à Cocody. Des témoins de la scène filment la productrice en train de suffoquer et perdre connaissance. Plus tard, ils se résolvent à appeler les secours. À leur arrivée, ceux-ci sont également filmés en train de réanimer la comédienne. Toutes ces images sont diffusées en temps réel sur les médias sociaux.
À l’échelle mondiale, plusieurs scènes dramatiques sont captées chaque jour et publiées sur les réseaux sociaux Facebook et TikTok, notamment. Ils s’ensuivent des milliers, voire des millions de vues, de « Like » et de commentaires. Le téléphone est désormais à portée de main et vue. Tout le monde est un potentiel paparazzi. La chasse à l’image insolite, aux scènes obscènes, est un nouveau sacerdoce.
Attaques violentes, bagarres sanglantes, meurtres en public, atteinte à la pudeur, actes suicidaires. Le spectacle du pire fait plaisir, fait frémir. On filme sans porter assistance, sans intervenir. L’essentiel, c’est de mettre en ligne sur Facebook ou TikTok. Il faut récolter le maximum de vues, de « Like », de commentaires, capter le plus d’abonnés.
Le sort des victimes importe peu. L’humanisme n’est plus qu’un vain slogan, La toile est une jungle où seuls les impitoyables rencontrent le triomphe. C’est un truc pire que la haine : l’indifférence…
K. Bruno