Déjà très populaire en Russie, l’application a directement profité de la récente suspension de Facebook, Instagram ou TikTok. Se rapprochant plus d’un réseau social que WhatsApp il permet de diffuser à un large public grâce au système d’abonnement et aux groupes de discussion pouvant accueillir chacun jusqu’à 200 000 personnes.
Ailleurs, la plateforme est utilisée comme l’une des dernières fenêtres sur la Russie, mais aussi comme une chaîne ouverte sur l’Ukraine et sa vie quotidienne.
Pourquoi Telegram est le grand gagnant de la crise ukrainienne sur les réseaux sociaux ?
Notre principal espoir est de rester connectés à notre chaîne Telegram, a déclaré il y a quelques jours au Centre pour la protection des journalistes (CPJ) Galina Timchenko, la rédactrice en chef du site d’information russe indépendant Meduza.
Peu de temps après l’arrivée des chars en Ukraine, Vladimir Poutine a commencé à bloquer les réseaux sociaux comme Twitter, Facebook et TikTok ont été restreints à l’exception de Telegram, un service de messagerie d’origine Russe.
Telegram le WhatsApp Russe ?
Telegram est une application d’origine Russe cofondé par les frères milliardaires russes Nikolai et Pavel Durov à l’origine de VK, le réseau social le plus populaire en Russie. Comme WhatsApp, Telegram est une application de messagerie qui permet de communiquer avec ses proches, soit en tête à tête, soit en groupe.
Les interfaces de ces deux applications se ressemblent, mais la seconde possède une fonction supplémentaire : les canaux d’information publics, qui peuvent rassembler des millions de personnes. Seuls leurs administrateurs ont le pouvoir d’y publier des informations.
Une croissance rapide
Selon les chiffres quotidiens fournis par Telegram, l’application a été téléchargée plus de 150 millions de fois depuis le début de l’année, le chiffre officiel d’un demi-milliard d’internautes actifs remontant à janvier 2021.
Avant même l’essor du conflit en Ukraine, Telegram bénéficiait de son positionnement atypique, allant à contre-courant des plateformes américaines critiquées pour leur exploitation commerciale des données personnelles.
Les téléchargements ont notamment culminé en 2021 lorsqu’un rapport du réseau ProPublica a affirmé que les équipes de Facebook visualisaient les messages envoyés par WhatsApp, qui sont en fait cryptés, selon Jamie MacEwan, analyste des médias chez Enders Analysis.
Pour d’autres, Telegram profite de l’image de ses créateurs, les frères Pavel et Nikolai Durov, citoyens russes qui ont quitté leur pays d’origine en 2014. Sous la pression des autorités, Nikolai a ensuite vendu sa participation dans VK, qu’il avait créé, plutôt que de remettre au gouvernement les données personnelles des militants.
Telegram la messagerie préférée au monde
« Cela suffira-t-il à faire de Telegram la messagerie préférée au monde ? C’est aller loin. Il a encore beaucoup à montrer en matière de sécurité, de cryptage et de modèle commercial. »
Une citation d’Enrique Dans, professeur spécialisé en systèmes d’information à l’IE Business School de Madrid. Si la plateforme, basée à Dubaï, se dit plus sûre que la messagerie de masse comme WhatsApp elle ne crypte pas les messages par défaut, contrairement à la filiale de Facebook.
De plus, le fait que la notoriété de Telegram ait énormément augmenté ces dernières semaines a accru l’impact de la désinformation sur la plateforme, explique Jamie MacEwan. La messagerie est déjà réprimandée depuis de nombreuses années pour sa propension à faire fuir des contenus bloqués par d’autres réseaux sociaux.